Comme dans beaucoup d’autres métropoles et villages de l’Alentejo, le château d’Estremoz trône au-dessus de la ville, dominant les plaines ondulées de la Serra d’Ossa et défendant les oliveraies, les forêts de chênes-lièges et les vignobles qui s’étirent à perte de vue. En quoi Estremoz se démarque-t-elle des autres villes de l’Alentejo?
Elle s’est acquis une célébrité durable grâce à quatre de ses attraits : 1) son marbre blanc, utilisé déjà sous l’Empire romain; 2) ses vignobles et les vins de qualité qui y sont produits; 3) ses bonecos, ces figurines en argile inscrites par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité; 4) le marché d’antiquités et d’articles de collection tenu en plein air tous les samedis qui attire des gens venant parfois de très loin.
La «reine de la paix» du Portugal
Quel lien unit Estremoz et la « reine de la paix »? Isabelle d’Aragon, reine du Portugal, est une figure marquante de l’histoire nationale, indissociable d’Estremoz.
Au Portugal, nation des poètes et des gens de lettres romantiques, une des légendes les plus attendrissantes qu’on se plaît à raconter concerne la sainte reine Isabelle, célèbre pour sa piété et son dévouement envers les plus démunis. La légende veut qu’un matin d’hiver, prise en flagrant délit de donner l’aumône aux pauvres, elle ait devant son époux, le roi Denis (Dinis en portugais), ouvert ses tabliers d’où sont tombés des pétales de roses, la disculpant ainsi de tout méfait.
En visitant la citadelle d’Estremoz, vous ne pouvez pas rater la belle statue de facture moderne de la reine Isabelle (en marbre local, bien entendu), avec ses jupes couvertes de roses. Construite à sa mémoire, une chapelle est ornée d’azulejos (carreaux de faïence) traditionnels qui racontent son histoire. La reine Isabelle a également joué un rôle déterminant, celui de « constructrice de paix » durant la sanglante bataille qui a opposé son époux, le roi Denis, et leur fils, le prince héritier Alphonse (Afonso en portugais). En 1323, elle se rend à dos de mulet à Alvalade et s’interpose comme médiatrice entre les deux armées qui y étaient déployées pour combattre. Puis, en 1336, âgée de 65 ans, elle part de Coimbra pour rencontrer à nouveau son fils et parvient à empêcher la guerre avec la Castille. L’on comprend ainsi l’origine de son surnom : la « reine de la paix ».
Le château d’Estremoz n’a jamais été impliqué dans une quelconque bataille d’envergure. Toutefois, une énorme explosion dans l’armurerie a détruit la plupart de ses bâtiments en 1698, ne laissant que la Tour des trois couronnes. Encore intacte, on peut la visiter. Pour vous offrir une vue spectaculaire sur la ville, vous pouvez escalader la tour du château en empruntant un escalier dans la Pousada de Estremoz, un hôtel cinq étoiles. Cet élégant hôtel au charme suranné est l’endroit propice pour prendre le thé en après-midi ou ouvrir la soirée en s’offrant un apéritif au bar. Ce luxueux hôtel propose plusieurs points de vue panoramiques sur Estremoz.
La place du château, véritable fenêtre sur la vie d’Estremoz au fil du temps, abrite l’église paroissiale de Santa Maria, une galerie d’art, qui accueille régulièrement des expositions d’art, ainsi que le musée municipal.
Autre petite merveille, la galerie Elapedra, sous la houlette de Felipa qui aime se faire votre guide. C’est l’un des rares endroits où l’on peut acheter une œuvre d’art authentique en marbre dans cette ville de marbre!
Certes, ce n’est là qu’un petit coin de la vieille ville. Vous aurez vite fait de noter qu’il y a beaucoup de choses à voir et à faire dans Estremoz. La reine Isabelle est décédée dans cette ville en 1336, puis a été béatifiée en 1516 par le pape Léon X. Elle reste à jamais dans l’histoire et dans le cœur du peuple d’Estremoz.
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