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Randonnée Pédestre dans L'Alentejo

Je me laisse bercer par l’atmosphère langoureuse de l’Alentejo en séjournant confortablement dans une propriété de 270 acres où je me prélasse au bord d’une piscine entourée d’amandiers, d’orangers et de cerisiers. Je partage mon temps entre les séances de yoga, les cours de cuisine et les dégustations de vins tout en songeant au déroulement des quelques prochains jours en randonnée sur la Rota Vicentina, une longue route qui traverse des villages aux maisons blanchies à la chaux et une côte sauvage battue par le vent. Herdade da Matinha, l’hôtel-boutique campagnard situé près de Cercal do Alentejo qui m’héberge, arbore une explosion d’orange, de rouge, de rose et d’autres teintes audacieuses. Cet hôtel à l’esthétique dynamique qui se dresse dans un paysage pastoral ponctué de pêchers, de figuiers, d’oliviers et de pommiers est idéalement situé pour se mesurer à l’un des deux sentiers pédestres qui composent la Rota Vicentina : le sentier des pêcheurs et le chemin historique.

La signalisation rouge et blanc marquant le chemin historique qui s’étend de São Luis à Odemira n’annonce peut-être pas un spectacle fracassant, mais elle ne guide pas moins les randonneurs dans une aventure inoubliable jalonnée de paysages verdoyants riches en forêts de chênes-lièges et en vastes champs de blé. De fins cours d’eau sillonnent le paysage, entrecoupés de sections plus paisibles rappelant des étangs (pegos) qui invitent tous ceux qui s’approchent à se baigner et à s’arrêter un moment.

Une course de 20 minutes en taxi m’emmène à São Luis, un village particulièrement paisible en ce dimanche, alors que ses résidents se sont rassemblés sur la place avant d’entrer dans l’église toute simple aux murs blanchis à la chaux. Une fois lancée dans cette section d’environ 25 km qui débute à l’extrémité du village, je suis transportée par des forêts de chênes-lièges noueux qui montent la garde, leur écorce nue portant chacune un seul chiffre. (L’Alentejo est la plus importante source d’approvisionnement en liège du monde misant sur la durabilité écologique : le liège y est récolté seulement quand les arbres atteignent la vingtaine, puis une seule fois tous les neuf ans. Le nombre que porte leur écorce rougeâtre correspond au dernier chiffre de l’année où l’écorce a été récoltée.) Des plants de lavande mauve parfumée entourent la base d’un arbre. Plus tard, par-delà les vastes champs de blé, de délicates fleurs de lavande blanche font leur apparition.



La myriade de tons de vert qui s’étend à perte de vue est ponctuée d’une variété de fleurs sauvages colorées. Certaines de la famille des marguerites affichent des teintes de jaune et de blanc, alors que d’autres comme la vipérine commune, la digitale pourprée et la ciste montrent des tons de bleu et de mauve. Chaque fleur maculée de rouge de la ciste ladanifère ne dévoile ses pétales blancs qu’une journée par année, dégageant un parfum relevé.

Mes jumelles à portée de main, je reste à l’affût des oiseaux qui abondent dans la région — un autre avantage écologique des forêts de chênes-lièges, qui sont un refuge pour les oiseaux migratoires. Pendant mon expédition, j’ai eu le plaisir d’observer un martin-pêcheur, un pic vert, un rossignol, un loriot jaune et une pie bleue.

Parallèle au Torgal, un tributaire du fleuve Mira qui se jette dans la mer à l’embouchure du village paisible de Vila Nova de Milfontes, le sentier serpente à travers une forêt d’eucalyptus qui donne à l’air un parfum vivifiant. Un épais tapis de fougères recouvre la terre où le tintement de l’eau qui s’écoule est le seul son que j’entends alors que je traverse les nombreux ponts en bois qui enjambent différents tributaires.

Avec tous ces plaisirs pour les sens, il est difficile de résister à la tentation de s’asseoir au bord d’un ruisseau, à l’ombre de la vaste canopée d’un frêne noueux couvert de mousse. Un de ces sites bucoliques, situé tout près de Pego da Laima, m’offre l’endroit idéal pour un pique-nique et une baignade dans une eau calme et claire où seuls se reflètent les tons de vert. L’ombre abonde aussi sur la rive d’un autre cours d’eau, la Ribeira da Capelinho. Des loutres ont l’habitude de se nourrir des homards qui vivent dans ces eaux.

En continuant ma randonnée avec attention pour ne rien manquer, je découvre les vestiges d’un moulin à eau en pierre qui servait jadis à moudre la farine. Puis, le son des cloches à vache retentit soudainement.

Me voilà finalement arrivée à Pego das Pias, un lieu de baignade particulièrement prisé la fin de semaine. Des gens du coin jouent au backgammon ou se balancent sur une corde pour sauter dans l’eau. Entouré de falaises accidentées, Pego das Pias est aussi surnommé « le grand canyon de l’Alentejo ».

Mon aventure s’achève au pied d’un pont, non loin du village aux maisons chaulées d’Odemira, d’où je monte à bord du taxi pour parcourir la courte distance qui me sépare de mon hébergement paisible. Lieu évocateur parfait pour un séjour de plusieurs nuits, l’hôtel familial Quinta do Chocalhinho possède des chambres individuellement décorées de souvenirs et de meubles racontant la vie du propriétaire Luis Freitas, que ce soit sa collection d’art contemporain ou les antiquités asiatiques datant de l’époque où il travaillait à Macao. Les quelque 170 acres de terres vallonnées appartenant à la famille Freitas depuis presque 80 ans possèdent un réseau de sentiers parfaits pour une promenade contemplative ou pour observer les oiseaux. Les propriétaires peuvent organiser des expéditions en kayak, en plongée ou en bateau.

* Michele James est une journaliste et photographe basée au Connecticut qui voyage fréquemment au Portugal.

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