Ponctuée de plages inexploitées, de vastes terres agricoles, de forêts de chênes-lièges et de milieux humides, l’Alentejo fait le bonheur des amoureux de la nature.
Parc naturel de la Serra de São Mamede
Le parc naturel de la Serra de São Mamede est une étendue dense de chênes-lièges, d’oliviers et de châtaigniers. Les fleurs sauvages, notamment des orchidées et des iris, poussent en abondance. Les ornithologues amateurs prendront plaisir à observer les rossignols, les loriots d’Europe, les aigles, les vautours fauves et toutes les autres espèces parmi plus de 100 enregistrées. Plusieurs anciennes routes pavées bien définies offrent la possibilité de marcher dans la contrée sauvage pour se rendre, par exemple, à Marvão, l’un des villages médiévaux les plus pittoresques du Portugal. La localité surplombe les vastes plaines depuis son imposant perchoir posé au sommet d’une crête de granit, à seulement 16 km de l’Espagne. (La randonnée en montagne permettant de faire l’aller-retour du village de Portagem à cette superbe ville fortifiée qui émerge des nuages fait près de 8 km, mais le jeu en vaut la chandelle.)
Parque Natural do Sudoeste Alentejano - Sur le sentier des pêcheurs
Sans le moindre hôtel dans les environs, un sentier sablonneux s’entortille autour des hautes falaises. Le seul son qui m’accompagne pendant ma randonnée de 18 km de Porto Corvo au port de Vila Nova de Milfontes est celui des vagues qui se fracassent contre le rivage rocheux, loin plus bas. De temps à autre, j’entends le chant d’une alouette et j’aperçois un faucon pèlerin qui plane au-dessus de ma tête. Les bécasseaux et les goélands leucophés se déplacent sans bruit sur le sable. Le sentier, marqué de quelques rubans bleus et verts, est envahi de sable, ce qui rend l’excursion encore plus difficile que sa longueur.
Longeant la côte du début à la fin et exposé à tous les vents, le sentier des pêcheurs ne pourrait mieux porter son nom. Il n’est pas rare de voir des pêcheurs lancer leur ligne depuis le bord de la falaise afin d’attraper un ishidai ou un doré. À un endroit, un pêcheur transportant un sac dévale une côte escarpée dans l’espoir de ramasser quelques-uns des savoureux anatifes qui abondent dans la zone intertidale agitée. Tout près, un autre descend une échelle en bois branlante pour aller lancer des sardines dans l’eau en guise d’appâts pour les bars.
Le paysage bordé de dunes est recouvert d’une myriade de fleurs sauvages aux teintes de rose, de mauve et de jaune, comme la centaurée étoilée, le mouron bleu ou la julienne des sables. Le thym sauvage et les pins maritimes qui ponctuent l’étendue sauvage donnent à l’air un doux parfum et déploient un tapis de pommes de pin.
Des sentiers accidentés mènent jusqu’aux étroites bandes de sable au pied des falaises. De petites plages isolées offrent des coins parfaits pour faire un pique-nique ou se faire bronzer en toute intimité. Devant moi, je vois une famille suivre l’un des sentiers trimbaler des paniers à pique-nique tout en suivant un sentier menant à une zone sablonneuse particulièrement attrayante qui est légèrement baignée dans l’ombre formée par les hautes parois de la falaise.
Je marche d’un pas tranquille sur le chemin de sable, m’arrêtant à plusieurs longues bandes sablonneuses où gravitent des surfeurs en combinaison de plongée. Je me retrouve entre autres sur la plage de Malhao, où les vagues peuvent atteindre de trois à quatre mètres. D’autres plages, par exemple Praia de Ilha et Aivados, attirent les pique-niqueurs en plus des surfeurs.
De retour au sommet des falaises, je remarque un nid de cigognes blanches avec deux oisillons précairement déposé sur un monolithe émergeant de la mer. Au-dessus de ma tête, une autre cigogne vole çà et là pour finir par se poser dans un nid construit sur les corniches rocheuses de la falaise.
Après m’être imprégné de ce paysage sauvage, riche en fauve aviaire et en flore, j’atteins finalement le port de Vila Nova de Milfontes, niché à la rencontre du tranquille fleuve Mira et du tumultueux océan Atlantique. Ce village discret jouit de plages naturelles des deux côtés du cours d’eau près de l’embouchure du fleuve, qui est également un endroit idéal pour observer les oiseaux.
Réserve naturelle de l’estuaire du Sado
La réserve naturelle de l’estuaire du Sado est nommée d’après le fleuve éponyme qui sillonne les plaines de l’Alentejo pendant quelque 175 km depuis la Serra da Vigia pour finalement se jeter dans la mer. L’estuaire abrite plus de 200 espèces d’oiseaux et regorge de déserts de sable, de marais et de dunes recouvertes d’herbe. Des nids de cigognes blanches jalonnent le paysage où des cultures de riz poussent sur des plateformes. Contre toute attente, il est parfois possible d’observer une colonie de dauphins nageant à l’embouchure du fleuve. (C’est surprenant puisque les dauphins se retrouvent rarement en eau douce.) En plein milieu de l’estuaire se trouve Moinho de Maré da Mourisca, où un observatoire à oiseaux offre la possibilité d’apercevoir des grands cormorans, des flamants roses et des spatules blanches, selon la saison. (N’oubliez pas vos jumelles.)
* Michele James est une journaliste et photographe basée au Connecticut qui voyage fréquemment au Portugal.