La première fois que nous avons emmené notre fille dans l’Alentejo, elle avait neuf ans; elle garde le souvenir indélébile d’une belle aventure d’enfance, sa préférée. Qui pourrait l’en blâmer? Elle a tour à tour incarné une princesse rescapée des remparts d’un château et une déesse romaine protectrice du temple. Dans ce décor, les garçons s’imagineront être ces chevaliers preux, bardés d’armures, se portant à la défense d’un château pour repousser les envahisseurs ou encore des légionnaires foulant le gravier d’une route romaine. Outre les nombreuses attractions touristiques et les endroits qui raviront les visiteurs de tout âge, l’Alentejo déborde de ressources pour exciter l’imagination des enfants.
SÉJOURNER UNE NUIT DANS LE CHÂTEAU D’UNE REINE
Avez-vous songé à dormir dans un palais royal, dans le château d’un roi, d’une reine qui a vraiment existé? La ville d’Estremoz dans l’Alentejo, enceinte des murailles du château, est couronnée par une tour de 88 pieds (27 mètres) de haut. À l’intérieur de cette forteresse médiévale, le roi Denis a édifié un luxueux palais pour son épouse, la reine Isabelle d’Aragon dite sainte Isabelle. La somptueuse demeure de la reine est désormais convertie en « pousada », une auberge de luxe offrant une vue imprenable sur le royaume du roi Denis. Les enfants qui séjournent dans le château se feront raconter l’histoire du miracle des roses. La reine Isabelle, connue pour sa charité sans borne et ses œuvres pieuses, donnait souvent du pain aux moins nantis. Un jour, sommée de dire ce qu’elle cachait dans son tablier, elle l’ouvrit pour dévoiler des roses. L’Alentejo regorge d’histoires et de légendes comme celle-ci, qui charmeront petits et grands.
EMPRUNTER UNE VOIE ROMAINE
C’est une chose d’étudier la Rome antique à l’école, mais c’en est une autre de marcher sur les pierres que les soldats romains ont posées pour paver les routes reliant les villes d’Espagne et du Portugal. Vous pouvez aussi observer de près comment ils chauffaient l’eau pour leurs bains ou vous tenir sous les colonnes d’un temple romain. Non loin, au sud de Lisbonne, les archéologues continuent d’exhumer les vestiges de la ville romaine de Mirobriga, mettant au jour les ruines de temples, de maisons, de boutiques, des thermes sophistiqués, d’escaliers, de sols en mosaïque, le forum et un long tronçon de route romaine pavée de pierres.
DÉCOUVRIR DES PIERRES PRÉHISTORIQUES
Les enfants adorent le mystère. Les énigmatiques monuments de pierre et dolmens de l’Alentejo ne manqueront pas de piquer leur curiosité. Les alentours d’Évora comptent beaucoup de mégalithes; vous pouvez suivre un itinéraire balisé pour découvrir des sites datant de 2000 à 4000 ans avant Jésus-Christ. Le cromlech des Almendres est un monument circulaire composé de 95 dolmens et menhirs, dont certains sont sculptés; les historiens n’en connaissent toujours pas l’utilité. Le grand dolmen de Zambujeiro abrite le plus grand tumulus funéraire du Portugal qui recouvre des chambres de pierre. Il comporte un passage d’entrée de 40 pieds (12 mètres) qui débouche sur une salle pavée d’énormes dalles de pierre. Au terme de la route des mégalithes, explorez les grottes de l’Escoural pour découvrir des peintures rupestres datant de 15 000 ans.
FRISSONNER D’EFFROI À LA VUE DE LA CAPELA DOS OSSOS (« LA CHAPELLE DES OS »)
Avis aux personnes qui ont le goût du macabre, l’église São Francisco d’Évora a de quoi donner la chair de poule. Cœurs sensibles et tout-petits s’abstenir! Une chapelle est entièrement recouverte d’ossements humains disposés en motifs. Ils tapissent les murs, décorent les plafonds et ornent les autels. Les ossements d’environ 5 000 moines ont été exhumés et minutieusement incrustés dans les années 1600 pour rappeler que tous les êtres humains sont mortels. L’Europe compte d’autres chapelles de ce genre. Toutefois, celle d’Évora est la plus grande et la plus étrange d’entre toutes. Les Franciscains ne songeaient certainement pas à en faire une attraction touristique. Chose certaine, vos enfants se feront un plaisir de raconter cette expérience inusitée.
MONTER LA GARDE DEVANT LES REMPARTS D’UN CHÂTEAU DOMINANT UNE MONTAGNE
Surplombant la frontière avec l’Espagne qu’il devait jadis défendre, l’imposant château de Marvão a tout ce dont l’imagination enfantine peut rêver. Les hautes murailles qui l’entourent sont surmontées de tours à escalader et de remparts que l’on peut longer en toute sécurité pour s’offrir une vue de l’Espagne voisine, ainsi que des vues panoramiques à des hauteurs vertigineuses.
Le château est perché sur un piton rocheux à 3 000 pieds d’altitude, point le plus élevé du village de Marvão. On entre dans la ville, ceinte de murailles, par une porte massive. Une autre porte garde le château à l’intérieur duquel se trouve une vaste cour d’une conception particulière. L’écho s’y répercute de façon telle qu’un petit nombre de défenseurs pouvaient donner l’impression aux possibles attaquants d’être une armée plus imposante. Une fois la porte franchie, suivez les escaliers jusqu’à une gigantesque citerne qui servait à emmagasiner l’eau en cas de siège. Fait intéressant : le château est ouvert la nuit; vous pouvez donc l’explorer à la tombée de la nuit avec des lampes de poche. De tous les attraits touristiques de l’Alentejo, ce château est sans doute le lieu de prédilection des enfants.
FABRIQUER DU SAVON
Les enfants ne se feront pas prier pour se laver les mains s’ils peuvent fabriquer leur propre savon. Au début du seizième siècle, la région de Belver était reconnue comme le centre de la fabrication du savon au Portugal. Aujourd’hui, le Museu do Sabão (« Musée du savon ») fait revivre ces traditions. Après une démonstration de la fabrication du savon comme dans l’ancien temps, les enfants peuvent en fabriquer un avec de la glycérine et l’embellir avec des colorants sécuritaires. L’entrée (qui comprend l’atelier de fabrication du savon), gratuite pour les enfants de moins de 6 ans, ne coûte qu’un euro pour les 6 à 12 ans et 2 euros pour les adultes. Voilà donc une activité bon marché à faire pendant les vacances familiales.
CHEVAUCHER LA CÔTE OUEST, SAUVAGE DU PORTUGAL
Les vastes plaines et les paysages à perte de vue de l’Alentejo rejoignent l’Atlantique et rencontrent la beauté abrupte de la côte bordée de vastes plages baignées par les vagues et entourées de falaises escarpées. À ce magnifique paysage s’ajoutent les légendaires chevaux lusitaniens. Vous comprendrez dès lors pourquoi la côte ouest de l’Alentejo est l’un des endroits les plus propices aux randonnées. Des fermes équestres sont éparpillées sur le territoire du parc naturel du sud-ouest de l’Alentejo, de la côte et des terres agricoles, peu peuplées, environnantes. Elles offrent de nombreuses activités qui plairont aux familles : des leçons d’équitation, des randonnées dans les sentiers, des promenades en poney pour les tout-petits, et même des vacances équestres d’une semaine. La plupart proposent un itinéraire où l’on chevauche tantôt en bordure de plages tantôt dans des sentiers traversant des champs de fleurs jaunes, des forêts d’eucalyptus et de pins odorants et des bosquets de chêne-liège aux troncs couleur cannelle.
S’INITIER À LA PLANCHE À BRAS
Les adeptes invétérés du surf connaissent bien la côte sauvage de l’Alentejo. Sachez toutefois que les familles peuvent trouver leur compte sur la côte atlantique ponctuée de longues plages léchées par de douces vagues. Dans la charmante petite ville de Vila Nova de Milfontes, Praia da Franquia, située à l’embouchure de la rivière Mira, compte suffisamment de vagues pour jouer sans danger. La plage est propice à la pratique de la planche à bras et de la planche à voile. Les enfants peuvent y prendre des leçons avec des instructeurs qualifiés. Des sauveteurs surveillent la plage qui se trouve à quelques pas de la ville.
Vous pouvez aussi vous diriger plus au sud vers la ville d’Odeceixe et longer la côte bordée de falaises. Ici, à l’embouchure de la Seixe, se trouve une plage sablonneuse avec des eaux peu profondes d’un côté et des vagues de l’autre. Il y a une école de surf qui attirera certainement les jeunes en quête d’un plus grand défi.
* Barbara Radcliffe Rogers est coautrice de quatre livres sur le Portugal et la rédactrice de la chronique « Luxury Travel » de BellaOnline. Elle couvre l’Europe pour PlanetWarecom.